La connaissance émue d'une nature qui constitue sa principale source d'inspiration se manifeste dans la plupart des créations de la bijoutière. L'empathie avec le vivant, doublée d'une observation précise de ses lois constructives, fonde sa réécriture du naturel, qui s'inspire certes des structures animales ou végétales, mais en élabore une transposition très originale, aussi éloignée d'un naturalisme littéral que d'un biomorphisme abstrait. Cette démarche intuitive la protège de toute systématique et réaffirme l'unité essentielle de la forme vivante et de la forme créée. En cela, le travail de Sonia Morel semble faire écho aux propos de Karl Blossfeld, professeur à l'Ecole supérieure des Arts plastiques de Berlin dans les années vingt : « La nature est(...) notre meilleur maître d'apprentissage, non seulement en matière d'art, mais aussi technique. Elle éduque à la beauté et à l'intériorité, ce qui fait d'elle la source de la jouissance la plus noble ». Marie Alamir